Calendrier lunaire pour justifier un "oubli"
Pendant des années j’ai craint de ressembler à ma mère. Je la contemplais avec les yeux d’une future mère, un peu désolée sur sa progéniture handicapée. Ma mère, si faible et pourtant comme le roseau qui plie mais ne rompt pas. Ma mère et son acceptation fataliste des farces de la vie, sa patience douceâtre à l’égard de mon père, cet homme séducteur qu’elle ne pouvait quitter et dont aujourd’hui encore elle n’a pas fini de se plaindre.
J’ai encore oublié l’anniversaire de ma mère avant-hier. Et c’est ma fille qui me l’a rappelé. Sans pitié. Me disant moi je n’oublie pas le tien, tu te débrouilles.
Ah ces mères ! Ah ces filles !
Maintenant que j’y pense je n’ai jamais entendu ma mère souhaiter bon anniversaire à la sienne de mère. Mais il se peut que ma grand-mère ne soit jamais née. C’était une autre époque, l’individu et son nombril sanguinolent n’était pas si envahissant, le calendrier prédominant était islamique et lunaire et moins figeant, et elle, elle, était bien trop occupée à enfanter ses 11 enfants. Il y a des jours où je me demande si je ne l'envie pas.
Au fond, je ressemble bien plus à mon père. A croire que moi non plus je ne suis pas née !