Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Iles où l'on ne prendra jamais terre
Archives
13 janvier 2009

Spécialement dédicacée pour....

Et si, je me disais l’autre jour après avoir entendu une programmation musicale appropriée, et si la femme des “yeux revolver” (Marc Lavoine) et la “femme libérée” (Cookie Dinger) était une seule et même personne. Je me rends compte que dans ma lamentable histoire avec  Jean-Yves, c’était quand même de ça qu’il s’agissait. Jean-Yves il m’a eue à force de dédicaces sur les ondes de la radio locale.  J’ai craqué. Comme une bêtasse. Quand on a grandi au son des radios libérées des années 80, on a le jugement qui se fausse, il faut croire. Pourtant quand Jean-Pierre m’avait dédicacé « pour une buiguine avec toi - sur les ondes de Magic Fm » j’avais tenu bon. « Envie d’une biguine avec toi… » Non mais ! Trente secondes après que l’animateur de la radio du coin de la rue  ait lu sa dédicace pourrie, le Jean-Yves il appelait : « Alors t’as entendu ? » « Une buiguine pour Magguy de la part de Jean-Yves", tu t’es reconnue ? » Ouais tu parles que j’ai reconnu.  La honte, je suis sûre que toutes mes amies et même mon prof de français trop mignon m'ont reconnue... Je te l’ai envoyé balader le Jean-Yves… J’aurais du tourner définitivement le bouton de la radio. Mais non, j’étais encore là à écouter la dédicace suivante : « Pour Magguy et ses superbes yeux qui n’en finissent pas de me tuer  de la part de Jean-Yves."

Jean-Yves putain !

J’étais pourtant drôlement fière quand j’ai entendu pour la première fois Marc susurrer « elle a le regard qui tue… ».

Bah ouais j’ai craqué.  Je levais lentement les yeux, comme un décoche un coup maîtrisé, en visant bien : Je n’arrêtais plus de plisser les yeux. Je devais avoir l’air très tarte. En première littéraire ma vielle ? Quelle nouille, pauvre fille va !

Et lui avec sa grande bouche qui se tordait sans savoir où se mettre, savourait sa victoire :  Alors comme ça, dans la baignoire tu voulais que je dorme… « Elle a les yeux »… et re-vlan. Je fondais comme une neige au feu.

« Et l’infini terrible effara son œil bleu »,

C’était bien la peine d’avoir lu des pouètes, espèce de cruche.

« Ciel amour liberté quel rêve ô pauvre folle ! » .

Bien-sûr, ça n’a pas tardé. « L’infini, l’infini »… allons, allons. Mon orgueil flatté juste ! En novembre, il faisait froid, mais sur les ondes Marc parlait de mes yeux, alors j’ai ouvert grand la porte. Marc ou Jean-Yves, je ne sais plus, s’est répandu partout dans l’ appartement de ma mère. Une vraie fontaine. « J’ai le coeur qui traîne, dans la rue fontaine, et j’ai de l’eau de l’eau dans les yeux… »

A vrai dire j’ai quand même essayé. Mes yeux, même flattés, n’avaient pas complètement perdu toute capacité de jugement. Et mais c’est que j’ai de la culture moi madame !

Peut-être même que je l’ai trop titillé :  je lui lisais des vers tous les soirs. M’enfin Jean-Yves comment tu peux écouter ça ?  « De l’eau dans les yeux ? » C’est nul !

En mars, Jean-Marc, avec sa bouche toujours tordue par un sentiment paroxystique  s’était mis à chanter à tue tête partout dans l’appartement :  « tu vois cette chanson-là, il me disait, elle n’est pas de moi, pourtant…. Je l’aime. Et il se remettait à hurler…. « Ne la laisse pas tomber elle est si fragile…. »

« Elle est si fragile » « Elle est si fragile » ! Ce n’est pas de moi qu’il parlait là quand même !

Je l’aurais tué.

J’ai écouté les paroles en boucle, non je ne pouvais pas devenir ça quand même ! Tout s’est un peu mélangé dans ma tête je crois. Jean-Yves il m’a dit « désolé je vais devoir te laisser tomber quand même, mais tu es une femme libérée , la littérature t’aidera».

En juin, j’ai raté l’épreuve anticipée de français. J’ai dit à la prof, que la poésie c’était trop nul.

Ce texte est ma participation aux "sabliers givrés" menés par Kozlika et Samantdi, sur une amorce proposée par Agaagla !

Publicité
Commentaires
L
Un bon moment, j'ai passé un bon moment en lisant ce texte : l'esprit de ces années est là !
A
Samantdi, j'en garde aussi un souvenir tout attendri (voire plus) de ces soirées matinées dédicaces ! <br /> Agaagla, merci pour cette amorce qui m'a permis de mettre le pied à l'étrier des sabliers !
S
Hi hi ! Tu m'as fait rire ! C'est vrai que ces dédicaces à la radio, c'était quelque chose ! <br /> Et ça existe encore... Je suis sûre que c'est ainsi que sont nées de belles histoires d'amoooooouuuur. <br /> <br /> <br /> <br /> (Cette session, je ne mène pas les Sabliers, je laisse faire Kozlika et les coupines et coupains)
A
mais quel lâche n'empêche ce Jean-Yves !
Iles où l'on ne prendra jamais terre
Publicité
Iles où l'on ne prendra jamais terre
Publicité