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Iles où l'on ne prendra jamais terre
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13 janvier 2009

Ballades immobiles

Lundi, je fus pris d’un grand coup de blues. Alors je suis allé faire un tour du côté de mes balades adolescentes.

 

Cela n’a pas été difficile. Adolescente, mes sorties étaient tellement surveillées que la plupart du temps je devais me contenter de regarder par la fenêtre de notre huitième étage. Je me suis souvenue d’un texte que je m’étais appliquée à écrire après avoir regardé de longues heures durant la route qui serpentait entre les immeubles de 17 étages. J’avais 12-13 ans, et j’avais du apprendre à l‘école la définition de la comparaison et de la métaphore. Je m’étais dit qu’il fallait que j’écrive un joli texte et j’avais filé la métaphore de la rivière pour parler de la route parfaitement goudronnée et bordée de pelouses bien vertes qui passait entre les  immeubles de la cité. Une rivière… J’en suis songeuse encore aujourd’hui. Elle était tellement immobile cette cité, et j’étais allée chercher du mouvement et des libellules… Avais-je déjà lu Apollinaire ? Aucune idée. Je ne crois pas. Mon horizon lui-même était coupé par d’autres barres. Un peu au-delà des immeubles je pouvais distinguer un hypermarché et un château d’eau, immense, malgré la distance. Un château d’eau ?  Oh comme j’aimerais retrouver ce texte ! Je me souviens encore très nettement de mon écriture ronde, des décorations que j’avais ajoutées dans la marge, pour faire joli.

 

Pourquoi suis-je allée chercher ce souvenir aujourd’hui  ? J’ai regardé de longues minutes les mouettes patiner sur l’eau gelée du bassin de la Villette. Les quais sont tout sauf immobiles. Le paysage que j’ai sous les yeux aujourd’hui diffère fortement de celui de mon enfance ardennaise. Des fous parisiens courent sur les berges, même par ce froid. Quelle idée ! Leur bout du nez va geler ! Le mien est engourdi par le rhume.  Le canal ne serpente pas comme dans ma description studieuse de collégienne, pourtant l’eau est bien là, un peu cachée sous la surface froide, mais elle ne redemande qu’à faire des vagues. Je me rends compte que mes ballades imaginaires d’ado qui voulait devenir écrivain, affleurent tout doucement sous la surface gelée du canal. Finalement,  j’ai quand même réussi à avoir de l’eau sous les yeux et ma métaphore s’est réalisée.


Ce texte est ma participation au "sablier givré" (grain 2)  mené par Kozlika. L'amorce de ce soir qui provenait du blogue de Zub, billet Nostalgie, était choisie par Malgven !


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Commentaires
A
Ouaip, tant qu'on ne coule pas en marchant sur la glace fragile, tout va bien !
A
Mieux vaut de l'eau sous les yeux que dans les yeux...<br /> Et puis, sur les fleuves comme dans la vie, le dégel,souvent, dépose sur les rives de surprenants espars.
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