Déserteurs ?
Nous avons (à cause du Mondial) retrouvé le fil soit disant perdu mais plutôt bien caché de la télévision. Malheureusement nous avons omis de le (re)perdre. Pour le moment.
Car les images qui nous parviennent des journaux télévisés nous plongent dans des cauchemars où nous nous cognons contre les murs de notre impuissance en ayant la désagréable sensation que notre malaise va se dissoudre dans le plat de salade de fruit du dessert.
Hier soir, les images des Français quittant le Liban nous ont de nouveau secoués.
Puis insidieusement une question a germé. Que ferions nous, nous dans de telles circonstances ?
Nous avons alors imaginé une Turquie en guerre et nous sur place. Deux secondes plus tard nous nous sommes interrogés : pourquoi avoir imaginé une Turquie en guerre et non une France ?
La réponse, pour évidente qu’elle soit, nous a malgré tout mis mal à l’aise. Nous avons étouffé cette première inquiétude pour continuer notre introspection. Que ferions nous dans une Turquie en guerre si la France nous proposait de nous rapatrier ?
Mon mari a répondu vivement : « Comment pourrais-je dire à mes amis et au reste de ma famille : bye bye moi je plie bagage ? Je resterai et me battrai avec eux ! «
Une seconde et demie de silence plus tard il a ajouté : « Mais je ferais évacuer ma fille »
Je sais qu’il réagirait comme il le dit. Seulement moi je me pose la question suivante : « Et on se battrait contre qui, on tuerait qui ? Et si cette guerre nous paraît injuste et sans fondement on ferait quoi ? »
Impuissants et incapables de raisonner plus longtemps sur des bases si peu solides de politique fiction, nous avons éteint la télé. Avec un horrible sentiment de culpabilité.