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Iles où l'on ne prendra jamais terre
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27 mai 2006

Confiture

« Voilà donc tout ce qu’il reste de quelqu’un, au bout de si peu de temps, et de moi-même aussi bientôt, sans aucun doute : des pièces dépareillées, des morceaux de gestes figés et d’objets sans suite, des questions dans le vide, des instantanés qu’on énumère dans le désordre sans parvenir à les mettre véritablement (logiquement) bout à bout. C’est ça la mort... Construire un récit, ce serait alors de façon plus ou moins consciente – prétendre lutter contre elle. Tout le système romanesque du siècle dernier, avec son pesant appareil de continuité, de chronologie linéaire, de causalité, de non-contradiction, c’était en effet comme une ultime tentative pour oublier l’état désintégré où nous a laissés Dieu en se retirant de notre âme. » Alain Robbe-Grillet, Le miroir qui revient, Editions de Minuit, 1984, p.27. Et voilà que je me mets tout à coup à détester les figues et leur confiture. Celles qui trônaient sur la table de mon grand-père se transforment en une tranche de pastèque, rouge pâle, filandreuse et tiède. Ce blog, je le sens, va devenir de plus en indigeste.
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Commentaires
D
Je voudrais juste te dire ici, maintenant, que tu as fais que je parle plus de moi maintenant par une simple question de ta part. Je parlais de mon passé en privé bien sûr, je faisais parfois des allusions très allusives, mais je n'osais pas affronter le regard de tous et surtout je me demande encore comment parler de moi sans faire du mal à mon père, et tout est si lié, mon père, les mots, les livres. J'avance un peu plus de moi, mais avec ma distance pour ne pas être submergé par tout ce qui serait aujourd'hui. Et je voudrais te dire un mot : merci.
D
Pouratnt, je ne crois pas qu'il faille reculer car tu parles bien de "reconstruction". Or on ne peut reconstruire sur un base qui serait faussée, qui ne serait pas saine. On ne construit pas, je crois, sur des no-dits ou des mystèressinon tout s'écoulera un jour ou l'autre et ce sera bien pire. Courage, toujours :o)
A
Merci à tous pour vos mots de soutien. <br /> > la prof: étonnant comme l'idée de "digestion" me vient souvent quand j'écris sur ce blog ! C'est de ma propre digestion que je parlais. J'en ai un usage thérapeutique on dirait ! Contente que ton estomac soit plus solide que le mien... <br /> <br /> > doc-doc> Cette idée de "lever les voiles" qui était mon intention au départ me laisse de plus en plus perplexe, car dans la mesure où il s'agit de ma reconstruction, je me demande si je 'nen ajoute pas un nouveau de "voile" sur ce passé que je recompose. <br /> <br /> > Dominique: Oui j'ai lu ce billet de Samantdi, très intéressant et ma lecture devait être tapie quelque part au moment où j'ai écrit le mien.. <br /> J'ai aussi lu le tien sur ton grand-père et son rapport au français et au lorrain, je n'ai pas commenté, mais il est quelque part aussi, tapi...<br /> <br /> > nathalie: tu sais je ne suis pas sûre de chercher la sérénité en écrivant, parce qu'honnêtement, je vis en ce moment une période assez sereine justement, mais que j'ai trouvée justement en m'interdisant d'écrire depuis presque 7 ans ! C'est étrange l'écriture je trouve. <br /> <br /> bloguette: j'ai toujours voulu être drôle... jamais réussi.
N
Courage chère Ada... Cette quête que tu mènes est difficile, douloureuse en ce moment mais elle sera libératrice un jour... Il faut se frotter à l'obscurité pour vivre la sérénité. Mille bécots.
B
Indigeste ? pas à mon sens ... Je le trouve beau et émouvant ton blog, tout simplement.
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