27 mai 2006
Confiture
« Voilà donc tout ce qu’il reste de quelqu’un, au bout de si peu de temps, et de moi-même aussi bientôt, sans aucun doute : des pièces dépareillées, des morceaux de gestes figés et d’objets sans suite, des questions dans le vide, des instantanés qu’on énumère dans le désordre sans parvenir à les mettre véritablement (logiquement) bout à bout. C’est ça la mort... Construire un récit, ce serait alors de façon plus ou moins consciente – prétendre lutter contre elle. Tout le système romanesque du siècle dernier, avec son pesant appareil de continuité, de chronologie linéaire, de causalité, de non-contradiction, c’était en effet comme une ultime tentative pour oublier l’état désintégré où nous a laissés Dieu en se retirant de notre âme. »
Alain Robbe-Grillet, Le miroir qui revient, Editions de Minuit, 1984, p.27.
Et voilà que je me mets tout à coup à détester les figues et leur confiture. Celles qui trônaient sur la table de mon grand-père se transforment en une tranche de pastèque, rouge pâle, filandreuse et tiède.
Ce blog, je le sens, va devenir de plus en indigeste.
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