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Iles où l'on ne prendra jamais terre
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14 février 2007

2006- Cette mère ne sait pas danser...

En septembre 2006 ma fille Elâ a arrêté la danse.

Les ronds dans l’eau d’Otir, la petite fille qui  dansait en 1963 se sont étendus, et croisent mes petits cailloux.  Je plonge à pic. 2007, les mères tirent toujours leurs filles par le bras. La maternité est bien une composante de la vie comme une autre. Peut-être un peu bousculante ?
Ma fille a 7 ans. Je suis mère depuis plus de 7 ans ?  Je ne parviens toujours pas y croire. Mère moi ? Mais je suis une enfant ! Je regarde le miracle de la vie, me retenant de demander une énième fois à ma fille : « Mais où tu étais avant de venir chez nous ? ». Heureusement elle a l’habitude. Elle a déjà toute une batterie de réponses à ma question idiote, qu’elle développe selon son humeur.  Je la fais rigoler. Cela me rassure. Elle dit :
« Je réfléchissais pour voir si je pouvais venir dans ton ventre à toi. »
«  Alors ? »
« Alors, ben  je suis là. »
Les jours où elle m’en veut elle ajoute : « Mais je me demande si j’ai bien choisi.».
Je rigole.
Elle s’appelle Elâ. Elle est là. Elle est là ! Mais franchement je n’y suis pas pour grand-chose.
Qu’est-ce que c’est que cette mère si peu sérieuse et qui pose de drôles de questions ? Elle me fait rigoler. Cela la rassure.
Le texte d’Otir  me fait mal au bras.
Je n’aime pas cette image de la mère qui tire l’enfant vers son cours de danse. Je n’aime pas me voir en train de tirer ma fille par le bras. Je n’aime pas me voir la regarder danser en soupirant intérieurement  : «  Elle est aussi peu souple que moi… »
Est-ce que ma fille entend mon soupir muet que mes yeux embués d’un sourire bête tentent de cacher ?
Mais qu’est-ce que je fais dans la danse de ma fille ? Quelle est ma place ? Comment trouver le juste regard ? Encourageant, juste encourageant ?
Quelle claque ai-je reçu le jour où son prof de danse m’a répondu : "la souplesse, ça se travaille, et puis elle a une énergie qui compense largement".
Là je me suis vue mère-sorcière.
Ma fille a décidé d’arrêter la danse.
Je n’aime pas me voir en train d’attendre quelque chose d’elle. Je n’aime pas me voir cette mère.
Il y a plus de 20 ans les mères avaient-elles ces rapports avec  leurs filles ? Ou était-ce plus facile ?  Etait-ce plus évident pour ma mère d'être ma mère ?

En 2006, en arrêtant la danse, ma fille Elâ m'a plantée devant le miroir de la salle de danse.

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Commentaires
A
Il y a des chances que ce soit vrai Doc-Doc... mais avec la fille que je suis, on est mal partis !
D
Je crois que plus on a d'enfants, plus ils sont libérés des rêves de leurs parents car on sait que chacun d'eux en porteront une partie et feront ce qu'ils veulent du reste.
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