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Iles où l'on ne prendra jamais terre
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24 juillet 2010

promiscuité sur la vaste mer

13/07/10

Embarcadère d'Ancona.

Des jeunes gens dynamiques tentent d'organiser le flot des voitures sur l'embarcadère des ferry. C'est un peu le bordel quand même. On finit par nous trouver une place dans une file. Encore deux heures avant le départ du ferry. Une sorte de pergola avec un point d'eau a été « aménagé » dans un coin de la grand place. « Aménagé » est un bien grand mot. Disons plutôt coincé entre la voie ferrée et les couloirs de voitures et de poids lourds. Deux ou trois bancs déjà pleins. Mais un toit qui permet de s'abriter d'un soleil qui a décidé de cogner fort.
Des familles turques sont installées là, des nattes sont étendues par terre, à même le goudron entre les bancs et les poubelles qui débordent, des samovars à thé y fument, des beurek traînent dans une assiette. Mes concitoyens prennent leur mal en patience. Les enfants pataugent dans la flaque boueuse constituée par l'eau qui s'écoule de la fontaine. Je contemple avec circonspection les peintures étranges sur les cylindres de dépôt. Un teletubbies géant avec des pinces de crabe.... Il y a de ces détails qu'on ne comprendra jamais et qui ne cesseront de resurgir avec leurs cortège de questions. Quelqu'un connait la signification de ces peinturlures sur le port d'Ancona ?

 

On embarque enfin.

 

Les gens s'installent un peu partout sur les moquettes, des couloirs menant aux cabines, devant le restaurant, sur le pont. Sur des matelas gonflables pour les plus organisés, des tapis de gyms, des sacs de couchage.

Nous avons décidé de ne pas prendre de cabine, les fauteuils semblant assez confortables. Chacun se prépare aux 21 heures de traversée. Fillette sort son jeu de dames et essaie de convaincre son papa de jouer. Je me réjouis à la perspective d'avoir le temps enfin de terminer cet excellent livre commencé à Paris. Murmures à Beyoglu, de David Boratav. Justement le narrateur, un insomniaque londonien est sur le point de retourner à Istanbul, la ville de son enfance à la recherche du dernier manuscrit de son père défunt et peut-être aussi de la paix qui lui procurera le sommeil. Je suis fasciné par ce livre et prends la décision d'en parler un peu plus ici, car il vaut vraiment le détour.....

quand tout à coup, une irrésistible odeur de pied se répand derrière moi.

Je m'imagine un moustachu corpulent qui vent d'enlever ses chaussures, comme vient de faire mon voisin de devant, (d'ailleurs lui, je suis sûre, et je serai confirmée dans mes soupçons, qu'il ronfle comme une locomotive !) mais non, il s'agit d'une très jolie jeune femme à l'apparence soignée et aux ongles vernis. Cette perspective, allez savoir pourquoi, m'énerve encore plus. Dire que le ferry n'a même pas encore démarré ! La prochaine fois on arrivera pile à l'heure présumée du départ. Non mais. Je vois encore des poids lourds qui foncent vers le pont à levis de notre ferry.

Une télévision s'allume et diffuse des séries grecques qui ressemblent, tant par les situations, le jeu des acteurs, les mimiques, les décors, les intérieurs reconstitués aux séries turques.

L'odeur devient insoutenable et j'espère que notre voisine aura la bonne idée d'aller prendre une douche. L'embarcation démarre enfin. Nous sortons sur le pont, nous enivrer de bleu. Les bateaux de pêche rentrent au port: on distingue une file suivie par des mouettes juste devant le ferry.

Le vent nous redonne notre joie et me voilà consolée: je pourrai toujours venir là si les odeurs et les ronflements sont insupportables.

 

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Commentaires
A
Promis je révise ma note... à ma décharge j'étais entourée de moustachus: qui je précise n'étaient pas turcs, d'ailleurs... ! <br /> Pis c'est pas nouveau, hein, je suis pleine de préjugés...
A
Je plussoie. Mes pieds zôssi.
D
J'avais jusqu'à présent une excellente opinion de ce blogue. Mais à voir le racisme primaire anti-moustachu qui sévit ici, je ne sais pas si je vais pouvoir rester...
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